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Alternative Ardennes

Bilan de l’approvisionnement en produits biologiques régionaux mis en place par la municipalité de Charleville-Mézières
Lu sur FRAB : "La demande en produits biologiques de la municipalité de Charleville-Mézières a été le point de départ de la constitution de toute la filière régionale d’approvisionnement des collectivités en produits biologiques. Celle-ci fournit aujourd’hui plusieurs dizaines de collectivités dans les quatre départements de la région, pour un total de près de 60 000 repas. Sans cette démarche, près d’une dizaine d’emplois n’auraient pas vu le jour et la filière ne serait pas en mesure d’affronter aujourd’hui les enjeux du Grenelle.

CHRONOLOGIE

En 2005, la municipalité de Charleville-Mézières sollicite la FRAB Champagne-Ardenne pour l’appuyer dans l’étude de faisabilité de repas biologiques. La mairie souhaite des produits biologiques qui soient également de proximité. La FRAB contacte l’ensemble des producteurs bio de Champagne-Ardenne pour évaluer leur intérêt dans cette démarche. Un groupe d’une demidouzaine de producteurs se constitue.
Pour répondre à cette demande nouvelle, les producteurs vont devoir s’adapter : en moins d’une année, ils vont se former sur les normes spécifiques à la restauration collective (démarche HACCP, normes CE, etc.), ainsi que sur les règles des marchés publics, puis monter ou mettre aux normes des ateliers de transformation qui permettront de produire des denrées adaptées aux cuisines centrales.
Dès 2006, la municipalité de Charleville-Mézières lance un marché public de produits biologiques à destination de sa cuisine. Afin de permettre aussi aux producteurs régionaux de répondre, le marché est réalisé sous la forme d’un MAPA avec des lots comportant des denrées qui se produisent
toutes en région. Face à d’autres concurrents, les producteurs régionaux remportent le marché. Une réunion est alors organisée pour mettre en place une planification des menus à l’année, qui tienne compte notamment de la saisonnalité des produits. Cela permet aussi aux producteurs de faire du sur-mesure et de coller au mieux aux attentes de la municipalité.
Conjointement avec les fournisseurs, le rythme d’un repas bio par mois est arrêté, ce qui représente un total de 22500 repas sur l’année. En 2006, cela constitue près de 90% du débouché des producteurs bio en restauration collective.
L’expérience se renouvellera en 2007 puis en 2008, avec deux appels d’offres annuels, chaque fois remportés par les producteurs régionaux.
Dans le prolongement de la démarche avec Charleville-Mézières, les producteurs bio vont s’organiser pour mettre en place une filière régionale d’approvisionnement de la restauration collective. De nombreux acteurs sont sollicités, tant du milieu institutionnel (collectivités territoriales, collèges, lycées) qu’économique (abattoirs, transformateurs, transporteurs, etc.).
Grâce à cette dynamique, plus de 35 000 repas sont servis en 2007 et la barre des 100 000 devrait être franchie en 2008. La planification, institutionnalisée par Charleville-Mézières, est restée le maître mot. Toujours plus de producteurs s’intéressent à ce débouché et de plus en plus de collectivités jouent le jeu. Une association a été créée courant 2008 pour mener à bien ces projets et professionnaliser la filière. Elle devrait évoluer en Société Coopérative d’Intérêt Collectif dès 2009 et rassembler dans un espace démocratique l’ensemble des acteurs souhaitant agir pour relocaliser l’approvisionnement et développer ce nouveau type de relations : durables, responsables et équitables.

BILAN

Du coté des producteurs : une organisation renforcée, une plus value
économique et des emplois créés
Grâce à cette expérience, les producteurs ont pu s’organiser et mettre en place des outils pour gérer ce nouveau débouché : catalogue de produits bio, système centralisé de commande/devis/transport, propositions de menus à coûts modérés, Charte d’Approvisionnement de la Restauration Collective, achat et élaboration d’outils de communication et d’animation, etc.
Des partenariats avec d’autres institutions d’utilité publique ont été entrepris dans le but de construire un projet global autour de l’alimentation et l’environnement. Des rencontres se sont notamment déroulées avec le CODES des Ardennes, l’Agence Locale à l’Energie, etc.
D’un point de vue économique, le projet a permis de consolider l’activité d’exploitations biologiques, très peu favorisées par ailleurs par le système général d’aides agricoles. En effet, s’il existe des aides à la conversion, il n’existe pas jusqu’à présent d’aide au maintien pour les exploitations biologiques.
Cette consolidation a été d’autant plus importante que le département des Ardennes a été placé en périmètre interdit lors de la crise de Fièvre Catarrhale Ovine (FCO) qui sévit depuis deux ans. Ceci a lourdement entravé le commerce interdépartemental des animaux et l’approvisionnement de la cuisine centrale, comme filière courte, a constitué un débouché essentiel pour les élevages bio.
Le projet a montré la viabilité économique de ce débouché et attiré de nouveaux producteurs : d’une demi douzaine à l’origine, ils sont près d’une vingtaine aujourd’hui souhaitant fournir la restauration collective.
Ce projet a permis de créer des emplois. Il a favorisé l’investissement dans des structures d’élaboration de produits transformés adaptés à la restauration collective et contribué à viabiliser de nombreux projets. A titre d’exemple, dans la région :
  - L’atelier des Eleveurs à Vrigne aux Bois est né en 2006. Très rapidement l’activité bio de l’atelier a grandi, grâce notamment au marché de la cuisine centrale de Charleville- Mézières pour de la viande bovine et ovine aux normes CE. Le nombre de bêtes abattues a doublé depuis début 2007 et un boucher supplémentaire a été recruté. Cet atelier a déjà acquis une renommée interrégionale puisque des éleveurs bio d’autres régions viennent y faire découper leurs animaux.
  - L’atelier de transformation laitière du GAEC Montfosse à Rouvroy-sur-Audry, a approvisionné en laitages la plupart des repas réalisés, permettant de viabiliser ce nouvel outil de production aux normes CE, d’investir dans du matériel plus adapté (de plus grande capacité) et au final de réaliser de créer des emplois. Depuis 2006, quatre salariés ont été embauchés.
  - L’EARL Viandes des Monts d’Argonne à Apremont a investi dans un atelier de découpe et transformation de viandes afin de pouvoir livrer la cuisine centrale en porc et charcuterie.
Il a obtenu son agrément CE en 2008. Une embauche est à prévoir si l’activité des repas bio se développe.
  - L’EARL de l’Alsontaine à Juniville a développé ses superficies consacrées à la bio. Une nouvelle embauche a été réalisée sur l’exploitation, portant à huit le nombre de salariés.
  - L’atelier de transformation légumière de l’EARL Mathieu à Broussy le Grand, produisant des légumes en 4ème et 5ème gamme, a été créé directement pour ce débouché.
Premier atelier de transformation bio de ce type dans l’Est de la France, il a acquis une notoriété dans toute la région et au-delà. Un emploi a été créé et des investissements sont prévus pour suivre l’évolution de la demande.
  - Les Vergers de Cousancelles à Cousances les Forges (55), en bordure de la Marne, ont créé de nombreux produits spécifiquement pour ce débouché et réalisé des investissements leur permettant aujourd’hui de prospecter de nouveaux marchés. Un CDI à mi-temps a été créé sur l’activité RHD, qui s’ajoute au salarié à plein temps déjà présent et aux cinq saisonniers travaillant régulièrement sur l’exploitation.
  - Un producteur de volailles de Naives en Blois (55) s’est aussi joint au projet : il a monté un atelier aux normes CE pour la découpe de volailles en 2008 et créé un emploi.

Un rayonnement économique sur toute la région

Outre les effets économiques dans le secteur de la production, le développement de la restauration collective a profité à l’ensemble de l’économie départementale et régionale, puisque l’approvisionnement en filière courte permet de conserver la valeur ajoutée à l’intérieur du département et de faire travailler de nombreux acteurs locaux. A titre d’exemple, les structures suivantes ont vu leurs activités consolidées par ce projet :
  - Les abattoirs de Charleville-Mézières et de Rethel
  - L’usine de transformation Servilégume à Roizy, qu’un producteur a fait certifié en bio, ce qui a permis de diversifier ses activités
  - Des boulangeries locales, telles que Oudin à Rethel ou Limousin à Signy Montilbert
  - Le transporteur STRUBY qui a créé de nouvelles tournées pour la ramasse des produits des producteurs et la livraison des établissements
  - Des marchands d’animaux, ainsi que de nombreux autres acteurs.
Aujourd’hui, suite à la demande en pain bio de la mairie de Charleville-Mézières, une filière régionale, bio et équitable, est entrain de se mettre en place. Des producteurs, des meuniers et des boulangers de la région se sont rassemblés autour de la FRAB pour monter cette filière et les premières tonnes de farines bio locales seront produites au mois de novembre 2008.

Des bénéfices pour l’environnement visibles à plus long terme

Reconnus tant par les pouvoirs publics, les scientifiques que par les consommateurs, les bénéfices de l’agriculture bio sur l’environnement et la santé publique sont cependant difficilement chiffrables.
Déjà, l’intérêt de nouveaux producteurs pour la restauration collective montre à tous que les débouchés existent en bio et sont rentables. Ceci permettra dans un avenir proche d’inciter à la conversion de nouveaux producteurs qui jusqu’à présent émettaient des craintes quant à la
valorisation de leurs produits en bio.
De plus, la communication faite autour des repas et les actions pédagogiques que nous pouvons entreprendre permettent de sensibiliser les enfants à des thèmes tels que l’environnement, le développement durable et le consommer local.

Envisager l’avenir

Pour tourtes les collectivités de la région, Charleville-Mézières a montré la voie et l’exemple à suivre.
D’autres lui emboîtent désormais le pas, comme Reims, Epernay ou Châlons.
Grâce au nouvel appel d’offres portant cette fois sur quatre années (2009-2012), les producteurs régionaux ont une vision à plus long terme, qui permet notamment de sécuriser de futurs investissements. L’augmentation sensible des volumes demandés va consolider les activités des différents ateliers et permettre de nouvelles embauches. Ce marché est également essentiel pour donner des bases saines et solides à la nouvelle organisation qui s’est mise en place en région : l’association Manger Bio Champagne-Ardenne (MBCA).
A noter enfin, que l’approvisionnement de collectivités plus modestes, telles que les collèges et lycées, ne pourrait être envisagé sans la présence de marchés plus conséquents tel que celui de Charleville-Mézières.
Ecrit par libertad, le Dimanche 17 Mai 2009, 14:05 dans la rubrique Bio.


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