Les Amapiens passent aux légumes
Lu sur l'Ardennais : "Entre autres coups durs, la fièvre catarrhale n'a pas épargné les bêtes du paysan Olivier Mabille. Mais l'Amap tient bon et évolue. Les paniers s'enrichissent en légumes.
L'ANNÉE
2008 a été difficile pour l'Amap (Association pour le maintien d'une
agriculture paysanne) de Boult-aux-Bois qui entame sa troisième saison
(lire par ailleurs). La fièvre catarrhale a eu raison de la moitié du
troupeau de chèvres d'Olivier Mabille. À l'heure actuelle, elles ne
sont plus que 18. Heureusement, les brebis ont mieux tenu le coup et
certaines ont même eu des petits. Elles sont aujourd'hui une
cinquantaine.
Néanmoins, le manque à gagner reste important. Le paysan a « perdu 60 % de la lactation. C'est autant de fromage en moins ». Si le préjudice financier est important, le coup au moral plus encore. Pas facile pour ce militant amoureux de la nature de voir mourir ses bêtes et encore moins au bout de deux ans de soins quand il en faut 3 à 5 pour en récolter les fruits. Il a été jusqu'à leur administrer lui-même des tisanes pour les réhydrater au moment de la fièvre.
Coup dur supplémentaire au mois d'avril, le temps mi-chaud mi-pluvieux a épuisé les abeilles en les trompant sur la saison et la récolte du pollen. Et, en ce début 2009, la ferme du bout du bois a perdu un tiers de ses adhérents. Ils ne sont plus que 20 au lieu de 30. De quoi en décourager plus d'un !
Olivier Mabille avoue avoir pensé à arrêter le jour où on lui a proposé un salaire et des horaires fixes.
Mais, non, il a transformé le négatif en positif et a choisi de consacrer le temps qu'il ne passe pas à faire des fromages (faute de lactation), à cultiver des légumes.
Sur ses 20 hectares, un hectare est désormais prévu pour des carottes, pommes de terre, choux, courges, salades, etc. Et pour avoir un rendement intéressant dès le mois d'avril, il a mis au point un procédé efficace : des tunnels de forçage. Du fumier est enterré à 40 cm dans le sol, recouvert de terre végétal, semé, puis mis sous bâche. Le coup de chaud permet aux salades, carottes, oignons, radis de germer plus tôt. Un boulot énorme - pour celui qui se dit « de nature paresseuse » - qui ne raccourcit pas ses journées (7 heures-12 heures/13 h 30-22/23 heures), mais qui a déjà des retombées positives. De nouveaux adhérents pourraient arriver.
Et, puis, le paysan sait s'entourer. Il accueille, chaque année, des stagiaires pendant plusieurs mois. Parmi eux, une jeune Ardennaise, qui poursuit actuellement une formation en Gironde et souhaiterait, elle aussi, créer son Amap.
Ce projet réjouit Olivier Mabille, car il permettrait de fonctionner en réseau. Pour le moment, il dirige la seule Amap de la région (la plus proche est dans l'Aisne).
Entre crise économique et réchauffement climatique, cette initiative, en cohérence avec l'environnement, semble plus que jamais dans le coup. Peut-être un jour, les Amap seront-elles aussi nombreuses en Champagne-Ardenne qu'en Paca où on les compte par centaine. Un choix politique.
Nathalie Diot
L'Amap a pour principe de s'autofinancer grâce à ses adhérents qui payent d'avance une somme fixe pour un an (444 euros). En retour, l'adhérent reçoit, chaque mois, un panier de victuailles produites selon une charte stricte respectant la biodiversité et le consommateur.
Par exemple, le paysan cultive lui-même la nourriture qu'il donne à ses animaux, ce qui lui évite toute dépendance par rapport à de grands groupes et limite son impact sur l'environnement.
« Ce ne sont pas des camions qui vont chercher les protéines à l'autre bout de l'Europe et on sait ce que les animaux ont mangé », explique Olivier Mabille.
L'adhérent de l'Amap est un consommacteur qui accompagne le paysan pour le meilleur (bonnes récoltes, participations à des activités : un calendrier est établi pour l'année) comme pour le pire. L'adhérent a la seule obligation de récupérer son panier (ou de le faire récupérer par un autre adhérent).
Le paysan s'engage à une transparence absolue, informe, chaque mois, par une lettre d'information de l'avancée de son travail (envoi de mail). Lors de l'assemblée générale (en novembre), le contenu des paniers peut-être discuté.
Adhérer pour le deuxième semestre 2009 est encore possible (222 euros). Le réseau d'Amapiens s'étend dans le sud ardennais, jusqu'à Reims et Charleville-Mézières.
Contact : ferme-boutdesbois@hotmail.fr ou 1, rue de la Prairie, à Boult-aux-Bois
Les Amap existent en France depuis 2001. Elles sont une soixantaine à être répertoriées.
En octobre, à Reims, dans la Marne, une nouvelle Amap a été officialisée, dont les producteurs (de légumes) viennent de l'Aisne. Olivier Mabille a 30 ans. Il est le seul « paysan » — il tient particulièrement au terme — à être en contrat dans les Ardennes avec une Amap d'initiative rémoise. Il vient du Nord et a commencé à travailler à Boult-aux-Bois, en 1999, avec le FCPN comme éducateur à l'environnement. Il a aussi travaillé quelque temps pour la Confédération paysanne. Il officie aujourd'hui comme bénévole pour la Maison de la nature et pour le Conservatoire du patrimoine naturel.
Pour avoir les statuts de l'Amap ou recevoir un modèle de contrat panier, contacter Olivier Mabille, ferme du Bout du Bois, rue de la Potière, 08240 Boult-aux-Bois, tél. 06.20.09.63.69.
Néanmoins, le manque à gagner reste important. Le paysan a « perdu 60 % de la lactation. C'est autant de fromage en moins ». Si le préjudice financier est important, le coup au moral plus encore. Pas facile pour ce militant amoureux de la nature de voir mourir ses bêtes et encore moins au bout de deux ans de soins quand il en faut 3 à 5 pour en récolter les fruits. Il a été jusqu'à leur administrer lui-même des tisanes pour les réhydrater au moment de la fièvre.
Coup dur supplémentaire au mois d'avril, le temps mi-chaud mi-pluvieux a épuisé les abeilles en les trompant sur la saison et la récolte du pollen. Et, en ce début 2009, la ferme du bout du bois a perdu un tiers de ses adhérents. Ils ne sont plus que 20 au lieu de 30. De quoi en décourager plus d'un !
Olivier Mabille avoue avoir pensé à arrêter le jour où on lui a proposé un salaire et des horaires fixes.
Mais, non, il a transformé le négatif en positif et a choisi de consacrer le temps qu'il ne passe pas à faire des fromages (faute de lactation), à cultiver des légumes.
Sur ses 20 hectares, un hectare est désormais prévu pour des carottes, pommes de terre, choux, courges, salades, etc. Et pour avoir un rendement intéressant dès le mois d'avril, il a mis au point un procédé efficace : des tunnels de forçage. Du fumier est enterré à 40 cm dans le sol, recouvert de terre végétal, semé, puis mis sous bâche. Le coup de chaud permet aux salades, carottes, oignons, radis de germer plus tôt. Un boulot énorme - pour celui qui se dit « de nature paresseuse » - qui ne raccourcit pas ses journées (7 heures-12 heures/13 h 30-22/23 heures), mais qui a déjà des retombées positives. De nouveaux adhérents pourraient arriver.
Et, puis, le paysan sait s'entourer. Il accueille, chaque année, des stagiaires pendant plusieurs mois. Parmi eux, une jeune Ardennaise, qui poursuit actuellement une formation en Gironde et souhaiterait, elle aussi, créer son Amap.
Ce projet réjouit Olivier Mabille, car il permettrait de fonctionner en réseau. Pour le moment, il dirige la seule Amap de la région (la plus proche est dans l'Aisne).
Entre crise économique et réchauffement climatique, cette initiative, en cohérence avec l'environnement, semble plus que jamais dans le coup. Peut-être un jour, les Amap seront-elles aussi nombreuses en Champagne-Ardenne qu'en Paca où on les compte par centaine. Un choix politique.
Nathalie Diot
De Boult-aux-Bois à Charleville
L'Amap a pour principe de s'autofinancer grâce à ses adhérents qui payent d'avance une somme fixe pour un an (444 euros). En retour, l'adhérent reçoit, chaque mois, un panier de victuailles produites selon une charte stricte respectant la biodiversité et le consommateur.
Par exemple, le paysan cultive lui-même la nourriture qu'il donne à ses animaux, ce qui lui évite toute dépendance par rapport à de grands groupes et limite son impact sur l'environnement.
« Ce ne sont pas des camions qui vont chercher les protéines à l'autre bout de l'Europe et on sait ce que les animaux ont mangé », explique Olivier Mabille.
L'adhérent de l'Amap est un consommacteur qui accompagne le paysan pour le meilleur (bonnes récoltes, participations à des activités : un calendrier est établi pour l'année) comme pour le pire. L'adhérent a la seule obligation de récupérer son panier (ou de le faire récupérer par un autre adhérent).
Le paysan s'engage à une transparence absolue, informe, chaque mois, par une lettre d'information de l'avancée de son travail (envoi de mail). Lors de l'assemblée générale (en novembre), le contenu des paniers peut-être discuté.
Adhérer pour le deuxième semestre 2009 est encore possible (222 euros). Le réseau d'Amapiens s'étend dans le sud ardennais, jusqu'à Reims et Charleville-Mézières.
Contact : ferme-boutdesbois@hotmail.fr ou 1, rue de la Prairie, à Boult-aux-Bois
Soixante Amap en France
Les Amap existent en France depuis 2001. Elles sont une soixantaine à être répertoriées.
En octobre, à Reims, dans la Marne, une nouvelle Amap a été officialisée, dont les producteurs (de légumes) viennent de l'Aisne. Olivier Mabille a 30 ans. Il est le seul « paysan » — il tient particulièrement au terme — à être en contrat dans les Ardennes avec une Amap d'initiative rémoise. Il vient du Nord et a commencé à travailler à Boult-aux-Bois, en 1999, avec le FCPN comme éducateur à l'environnement. Il a aussi travaillé quelque temps pour la Confédération paysanne. Il officie aujourd'hui comme bénévole pour la Maison de la nature et pour le Conservatoire du patrimoine naturel.
Pour avoir les statuts de l'Amap ou recevoir un modèle de contrat panier, contacter Olivier Mabille, ferme du Bout du Bois, rue de la Potière, 08240 Boult-aux-Bois, tél. 06.20.09.63.69.
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