Chooz A va être totalement démantelée
A l'arrêt depuis le 30 octobre 1991 et après deux phases de démantèlement, la centrale entamera, en 2008, l'ultime étape de sa déconstruction qui devrait s'achever en 2020. Le décret a été publié au journal officiel le 27 septembre 2007. D’après le directeur du Centre ingénierie déconstruction environnement (1), la plus grosse partie de la radioactivité de la centrale a été évacuée avec le combustible entre 1991 et 1995. Les années suivantes, l'opération consistaient principalement à démolir les bâtiments non nucléaires : salle des machines, station de pompage, salle de commande, château d'eau, bâtiments administratifs… «L'objectif du démantèlement est de supprimer les 0,01 % de radioactivité qui restent». II s'agit de toucher au «réacteur et à ses annexes» situés dans des cavernes, la spécificité de Chooz A. Une équipe d'EDF, composée d'une quinzaine de salariés devrait s'y atteler, ainsi que d'autres entreprises qui ont répondu aux appels d'offre. «En régime de croisière», une cinquantaine de personnes environ.
La majeure partie des installations (câbles, tuyauteries) sera évacuée avant 2010. Les derniers travaux réalisés en 2011 concerneront la décontamination et la déconstruction de réservoirs. L'équipement sera décontaminé à l'aide de produits chimiques décapants. Les tuyaux seront ensuite découpés et l'ensemble des déchets envoyé vers les sites de stockage de déchets radioactifs. La fin du chantier consistera à assainir les deux cavernes et à réhabiliter le site (propriété d'EDF). En 2020, Chooz A sera, avec celle de Brennilis (qui possède un réacteur à eau lourde), la première à être complètement déconstruite.
Le coût du démantèlement (2) de Chooz A sur 20 ans, s'élève à 218 millions d'euros. En terme économique, 30 entreprises sont intervenues, dont 20 locales (16 françaises, 4 belges). En 2006, sur les 2,7 millions d'euros de dépenses prévues, 1 million concernait les marchés locaux.
Depuis 1990, Chooz A est le lieu d'une chasse inédite qui oppose les chercheurs : la chasse aux neutrinos.
2007 devrait marquer un tournant pour les scientifiques attelés à l'étude de ces «particules élémentaires très bizarres […] qui se transforment au cours de leur déplacement». Un premier détecteur de neutrinos doit en effet être installé dans une caverne de Chooz A à la fin de l'année. Le directeur du Ciden estime que ces expériences «ne devraient pas perturber le démantèlement et que les deux restent compatibles en terme de délai».
(1)
Créé en 2001, le Ciden basé à Villeurbanne exerce ses missions dans
trois domaines : la déconstruction, le devenir des déchets et
l'environnement. Il compte 580 techniciens et ingénieurs spécialisés
dans la sûreté, la radioprotection, la protection de l'environnement,
la gestion des déchets, l'assainissement, les techniques de démontage
et de démolition des structures.
(2) 9 réacteurs sont à déconstruire
en France pour un coût de 3,4 milliards d’euros. La déconstruction des
9 réacteurs produira 1 million de tonnes de déchet, dont 670.000 tonnes
de déchets dits conventionnels et 330.000 tonnes faiblement et
moyennement radioactifs destinés à un stockage définitif après
conditionnement, dont moins de 0,2 % sont des déchets radioactifs à vie
longue (660 tonnes).
Arrêt de Chooz B1
L'unité
de production numéro 1 du centre nucléaire de production d'électricité
de Chooz (Ardennes) a été arrêtée le 27 octobre à minuit. «Il s'agit
d'un arrêt programmé pour recharger le combustible. C'est l'occasion
aussi d'effectuer quelques opérations de maintenance». Cet arrêt
devrait durer environ trois semaines.
Le rapport 2006 de l’autorité de sûreté nucléaire
Extraits
Chooz
B : (…) Les activités des rejets gazeux des centrales nucléaires de
Chooz sont nettement supérieures à la moyenne du palier 1300 MWe pour
le paramètre «halogènes et aérosols» (iodes et autres radionucléides
émetteurs bêta et gamma). Cela s’explique par des rejets plus élevés en
iode qui sont notamment liés à des défauts d’étanchéité de gaines du
combustible sur le réacteur n° 1 de la centrale de Chooz. (…) L’ASN
estime que le site de Chooz doit progresser en matière de gestion des
aléas techniques, de préparation des interventions sur des matériels
importants pour la sûreté et de traitement des écarts. Par ailleurs,
l’ASN estime que le site de Chooz est performant en matière de
radioprotection, même s’il doit améliorer ses évaluations dosimétriques
prévisionnelles.
Nogent : (…)Les activités des rejets gazeux de la
centrale de Nogent en 2006 sont supérieures à la moyenne du palier 1300
MWe pour le paramètre «gaz» (carbone 14, tritium et gaz rares). Cela
s’explique par des rejets plus élevés en gaz rares (principalement en
xénon) qui sont notamment liés à des défauts d’étanchéité de gaines du
combustible sur le réacteur n° 2 de la centrale de Nogent. (…) Elle
estime que le site de Nogent doit progresser en matière de rigueur
d’exploitation, notamment dans le respect des référentiels et le
traitement des écarts. L’ASN restera vigilante à l’égard des résultats
obtenus par le site de la mise en oeuvre de plans d’actions dans ces
domaines.
Le Centre de stockage des déchets de faible et moyenne
activité à vie courte (FMA-VC), dénommé antérieurement à 2005 «Centre
de stockage de l’Aube» : (…) Il est situé sur le territoire des
communes de Soulaines-Dhuys et de La Ville-aux-Bois dans le département
de l’Aube. Il occupe une surface d’une centaine d’hectares. La
diminution à la source du volume des déchets produits chez les
exploitants nucléaires et la montée en puissance de l’installation
CENTRACO permettent d’envisager l’exploitation de ce Centre pendant
encore quelques dizaines d’années. Les colis de déchets sont stockés
dans des ouvrages en béton reliés à un réseau de drainage des eaux
d’infiltration éventuelles (réseau séparatif gravitaire enterré) qui
fait l’objet d’une surveillance permanente. La capacité du site est de
1 000 000 de m3 de colis de déchets, soit environ 400 ouvrages.
Outre
les ouvrages de stockage, le Centre comporte également un atelier de
conditionnement des déchets, où sont réalisés 2 types d’opérations : le
compactage de fûts de 200 litres au moyen d’une presse de 1000 tonnes
et l’injection de mortier dans des caissons métalliques de 5 ou 10 m3
contenant des déchets.
En 2001, l’ANDRA a été autorisée par l’ASN à
stocker 55 couvercles de cuve de réacteurs d’EDF ayant fait l’objet
d’un remplacement. La construction des ouvrages destinés à accueillir
les couvercles de cuve a débuté en 2003. Les premiers couvercles de
cuve ont été stockés en 2004. Le centre FMA stocke actuellement 12
couvercles de cuves. Un premier ouvrage dédié à ces déchets de grande
dimension a ainsi été fermé au cours de l’année. En décembre 1999,
l’ASN a autorisé l’ANDRA à stocker au Centre de stockage de l’Aube des
sources radioactives scellées en provenance du CEA de périodes
inférieures à celle du cobalt 60.
En janvier 2002, l’ANDRA a
présenté une demande d’autorisation d’acceptation générique de sources
radioactives respectant certaines contraintes justifiées par une
analyse de sûreté s’appuyant sur les principes de la règle fondamentale
de sûreté III.2.e disponible sur le site de l’ASN. En janvier 2006,
l’ASN a modifié les prescriptions techniques du CSFMA afin de permettre
l’admission de colis de sources scellées de faible activité et de
période inférieure à celle du césium 137.
En juin 2002, l’ANDRA a
transmis aux ministères chargés de la sûreté nucléaire une demande de
modification du décret d’autorisation de création du Centre de stockage
FMA et une demande d’autorisation de rejets du Centre pour se mettre en
conformité avec les dispositions du code de l’environnement. Cette
demande, complétée en 2004, a été soumise à la procédure d’enquête
publique du 30 novembre 2004 au 8 janvier 2005. À l’issue des
procédures administratives, l’ANDRA a donc été autorisée par décret n°
2006-1006 du 10 août 2006 (modifiant le décret du 4 septembre 1989) (1)
et par l’arrêté ministériel du 19 septembre 2006 (2) à procéder à des
prélèvements d’eau et des rejets d’effluents aqueux ou gazeux sous
certaines conditions.
Des compléments de l’ASN Champagne-Ardenne-Picardie
L'Autorité
de sûreté nucléaire (ASN) Champagne-Ardenne-Picardie reproche à EDF «un
manque de rigueur chronique» dans les centrales de Nogent-sur-Seine et
de Chooz B. Sur l'incident, qui, en février 2006, avait stoppé les deux
réacteurs pendant un mois : «Une fuite sur un circuit de
refroidissement de la turbine a provoqué l'inondation des salles des
machines. Si l'incident ne concernait pas la partie nucléaire des
installations, il confirme le manque de rigueur déjà constaté fin
2005.» Devant les carences de l'exploitant, l'ASN a décidé d'une
inspection exceptionnelle en décembre prochain : dix inspecteurs (sur
les douze que compte la division) resteront une semaine sur place. A
Chooz B, «Le nombre important d'événements significatifs survenus au
cours de l'année justifie également des efforts à consentir pour une
meilleure culture de sûreté». Une fuite d'effluents radioactifs gazeux,
survenue le 21 novembre 2006, avait quasiment provoqué un incident
diplomatique avec la Belgique, furieuse de ne pas avoir été informée.
«Les autorités belges sont désormais destinataires des incidents, même
si ces derniers n'ont aucune conséquence sanitaire».
(1)
Le décret de création précisait que l’installation devait fonctionner
sans rejeter dans l’environnement d’effluents liquides ou gazeux.
(2) Toutes les recherches pour trouver cet arrêté ont été infructueuses.
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